Alors que l’école devait, selon les dires du 1er ministre, « rester la priorité » pour le gouvernement actuel, les projets de loi examinés au parlement vont conduire, s’ils sont adoptés, à une dégradation des conditions d’exercice de nos métiers et à une dévalorisation supplémentaire de nos rémunérations. Devons-nous accepter sans broncher d’être à nouveau pris pour cibles de mesures vexatoires, au prétexte d’économies de bout de chandelle et pour masquer le résultat de décennies de politiques désastreuses ? Des mesures odieuses qui menacent la santé des personnels et jettent le discrédit sur les enseignants Dans le lot de mesures d’économies proposées par le gouvernement figurent deux propositions particulièrement odieuses pour les personnels de l’éducation nationale : l’instauration de deux jours de carence supplémentaires ainsi qu’une diminution de 10 % de l’indemnisation des jours de congés de maladie. Ces mesures, si elles étaient appliquées, engendreraient une perte de rémunération de l’ordre de 290 € en moyenne pour les enseignants, pour une semaine d’arrêt de travail. Elles sont odieuses car d’une part elles laissent supposer que les enseignants sont trop souvent absents, voire qu’ils profitent d’arrêts de travail injustifiés, alors que c’est l’une des professions où l’absentéisme est le plus bas, non seulement par rapport à l’ensemble de la fonction publique mais même également vis-à-vis des salariés du privé (9,3 jours par an en moyenne contre 10,3 jours pour les salariés du privé en 2023), et alors que ceux-ci bénéficient majoritairement d’une prise en charge des jours de carence par leur entreprise. Ce qui rend ces propositions encore plus détestables, c’est qu’elles feignent d’ignorer que la plupart des congés de maladie ordinaire sont dues à des infections virales contractées au contact des élèves, et donc dans l’exercice de nos métiers. On nous rend en quelque sorte responsables des maladies que nous attrapons en travaillant, et on veut nous le faire payer ! C’est tout à fait inacceptable, et Action & Démocratie exige au contraire l’abandon de tout jour de carence pour les personnels de l’Éducation nationale, comme cela avait été le cas pendant la période du COVID. Le mensonge de la revalorisation des enseignants, ou comment travailler plus pour gagner moins Alors que les différents et nombreux ministres qui se sont succédé depuis le départ de Gabriel Attal ont tous claironné sur l’air de la soi-disant revalorisation historique de nos rémunérations, la vérité doit être rétablie : non seulement le compte n’y est pas, mais les quelques augmentations concédées ont déjà été mangées par l’inflation, qui a dépassé les 10 % entre 2022 et 2024 ! Nos salaires restent toujours bien inférieurs à ceux de nos homologues des pays comparables aux nôtres. Et près de 1000 € en moyenne séparent nos rémunérations de celles des autres cadres A de la fonction publique d’État (2944 € contre 3920 € nets mensuels en 2022). En voulant supprimer la GIPA et geler le point d’indice, le gouvernement nous promet une généreuse stagnation salariale. Si l’on ajoute la réduction de l’indemnisation des arrêts de maladie, il faudra donc désormais choisir entre s’appauvrir ou se mortifier en venant travailler malade ! La fausse promesse des mesures Socle et Pacte, censées garantir des gains de salaire pour tous et des émoluments fabuleux à ceux qui voulaient en faire plus, ne peut plus abuser personne. Il faudra désormais travailler plus, en étant contraint notamment de suivre des formations en dehors de son temps de travail et hors de tout cadre légal, en refusant de se reposer pour se soigner, pour gagner au final tout juste autant et voir son pouvoir d’achat rogné chaque année par l’inflation. C’est encore une fois inacceptable, et Action & Démocratie exige une augmentation générale de nos salaires à la hauteur de nos qualifications et des services rendus à la nation. Une profession dévaluée qui attire de moins en moins de monde Alors que le ministère propose la suppression de 4000 postes d’enseignants à la rentrée prochaine, en renonçant à améliorer le taux d’encadrement, les résultats des derniers concours de recrutement montrent une diminution durable et inquiétante du vivier des candidats, qui conduit à ne pas pourvoir tous les postes mis au concours. Ainsi, en 2024, ce sont encore 3600 postes qui ont été perdus (2000 dans le 1er degré et 1600 dans le 2d degré). À ce rythme là, on peut se demander s’il restera encore dans le futur quelques enseignants dans les établissements, et s’il ne sera pas alors temps de remplacer les derniers hussards de chair et d’os par des assistants digitaux dotés d’une intelligence artificielle. La « crise des vocations » n’est absolument pas prise au sérieux par nos gouvernants, qui feignent de croire que porter la rémunération des néo-titulaires à 2000 € et recruter à bac +3 suffiront à faire revenir les meilleurs étudiants vers des métiers complètement dévalués et désormais considérés comme risqués. Une enquête menée auprès des personnels par les services du ministère fait ressortir que les enseignants sont nettement moins satisfaits que la moyenne des salariés de leurs conditions de travail, et particulièrement insatisfaits de leur rémunération et de leurs perspectives de carrière. Les trois motifs d’insatisfaction principaux des enseignants sont dans l’ordre l’insuffisance des rémunérations, la charge de travail et l’aménagement des fins de carrière. Que proposent ceux qui nous gouvernent pour y répondre ? Diminuer nos rémunérations en nous punissant d’être malades, augmenter notre charge de travail en nous imposant des missions supplémentaires non payées et nous faire travailler plus longtemps ! Pour toutes ces raisons et malgré l’incertitude concernant la survie du gouvernement qui sera à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le jeudi 5 décembre, Action & Démocratie appelle à se mettre en grève ce même jour et à se joindre aux manifestations qui auront lieu dans notre académie. S’il ne suffira sans doute pas d’un jour de grève pour que ce gouvernement ou un autre renonce à ses mesures injustes et stupides, il est néanmoins nécessaire de montrer par une mobilisation massive des personnels que nous n’entendons pas les accepter sans broncher. Le bureau académique d’Action & Démocratie Nice
|