stop à la fragilisation des enseignants

 

Action et Démocratie refuse la fragilisation en marche des enseignants

Nous ne sommes qu’au début du mois de décembre et déjà la fatigue et le découragement se font sentir. L’ambiance générale est morose, endeuillée par les trop nombreux suicides de nos collègues, loin de l’image d’Epinal dont notre ministre se félicitait fort mal à propos il y a quelques semaines. Combien sommes-nous à redouter un quotidien professionnel sans cesse alourdi par des tâches qui s’accumulent et qui sont souvent présentées comme tout à fait normales et parfaitement attendues, alors que justement non ?

Les petites satisfactions ne compensent pas le poids des absurdités

Les petites satisfactions des journées de cours ne compensent plus la charge de travail toujours plus lourde qui nous incombe. C’est d’ailleurs ce que mettait en lumière l’ultime lettre de notre collègue Christine Renon.

Les professeurs de l’école primaire tout comme ceux du secondaire sont submergés par un nombre incalculable de « petites » tâches à accomplir. Bien entendu, il y a celles qui sont inhérentes au métier d’enseignant et qui lui donnent tout son sens, comme la préparation des cours, le montage d’activités, les corrections, le suivi des élèves, la recherche de stratégies pour palier leurs difficultés, la communication avec les équipes pédagogiques ou les parents, les lectures, les recherches propres à nos disciplines, et il y a les autres. Les autres appartiennent à une catégorie indéfinissable puisqu’elles ne s’ancrent dans aucune réalité concrète, « il faut le faire » entend-on, leur absence de pragmatisme ou d’utilité nous laisse pantois. A titre d’exemple, posons simplement cette question : qui parmi nous trouve du sens à passer des heures à évaluer ses élèves par compétences, déroulant toute la palette du code couleurs, s’émerveillant devant les camaïeux de vert et de rouge dont on nous assure qu’ils permettront d’épingler au plus juste le niveau de l’élève, pour découvrir in fine que, le budget de l’Education Nationale étant ce qu’il est, les dossiers des élèves seront imprimés en noir et blanc ?

Une liberté pédagogique bafouée par une réforme vide de sens

Et puis, il y a le travail dicté par l’application de réformes dont on avait déjà souligné les manques, les absurdités, les problèmes avant même qu’elles soient imposées. Sommes-nous réellement supposés être heureux d’enseigner un programme qui n’a pas de sens ? Sommes-nous vraiment supposés être à l’aise face à des élèves qui ne sont pas dupes et nous demandent des comptes ? Comment avoir le sentiment d’être utiles, d’enrichir l’esprit des jeunes qui nous sont confiés, de bien faire notre travail lorsque ce travail ne nous semble plus du tout sensé ?

La situation décrite par de nombreux collègues de Lettres est emblématique. Privés de leur liberté pédagogique, ils se retrouvent contraints d’enseigner une liste d’œuvres et des méthodes imposées par des gens complètement déconnectés de la réalité du métier et qui n’ont pas réussi une seule fois à justifier leurs choix de manière convaincante. Tout est nouveau pour les enseignants, ils doivent conquérir le programme dans un laps de temps très court et recommencer l’année suivante selon la même logique de rendement. Ce qui est maintenu, ce qui est retiré, ce qui doit changer ne relèvera pas de leur décision, quand bien même ils sont les mieux placés, quand bien même ils sont les plus qualifiés.

Priver les collègues de leur liberté pédagogique, les contraindre à enseigner un programme dont personne n’a été capable de leur expliquer concrètement les tenants et les aboutissants, alourdir le cahier des charges, leur faire comprendre que tous les ans il faudra recommencer sans que le processus ne gagne en logique, voilà ce qui leur donne le sentiment d’être des personnages de Kafka.

Le but réel : faire taire les enseignants

Le ministre et ses collaborateurs n’auront pas ménagé leurs efforts pour nous décontenancer. Leur liste de choses à faire dans le but de nous fragiliser est complète : priver le travail d’un sens quelconque, priver les sujets de tout repère, les empêcher de prendre du recul, leur interdire d’exercer leur esprit critique, leur proposer un parcours de carrière bidon, leur laisser deviner une pension de retraite misérable en bout de course, suggérer l’euthanasie (idée sanctionnée aux dernières nouvelles, ils seraient donc moins cyniques qu’ils en ont l’air ?).

Les quelques voix qui osent s’élever sont ignorées et méprisées. Le mépris a ce double « effet Kiss cool » qui intéresse la direction des ressources humaines : 1. Faire douter celui qui parle de la légitimité de son point de vue, 2. Le faire taire. Et la fragilisation des enseignants se poursuit tranquillement.

Ni le ministre, ni ses collaborateurs ne se soucient réellement des enseignants et de leur malaise. Aucun d’eux ne souhaite prendre ses responsabilités et accompagner ceux qu’ils ont préalablement cassés. Nous en voulons pour preuve une médecine du travail inexistante et laissée à l’abandon dans l’illégalité la plus totale. Mais comme personne n’a rien dit jusqu’à présent… « Qui ne dit mot consent », tout ça, tout ça.

Action et Démocratie refuse l’abandon des collègues fragilisés en les accompagnant sans relâche, nous refusons aussi que notre ministre, seul responsable pénalement, ne se soumette pas à la loi : voilà l’enjeu de la plainte que nous avons déposé le 17 octobre dernier.

Convaincus depuis longtemps de relayer fidèlement les préoccupations et aspirations du plus grand nombre, nous vous invitons à nous rejoindre afin que votre syndicat puisse faire entendre la voix de la majorité jusqu’à présent silencieuse.

 

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